Côte d’Ivoire (Enseignement technique) / Rentrée 2025-2026 : 11 nouveaux établissements enregistrés

Almami Cissé, directeur général de la Formation initiale, au ministère ivoirien de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l'apprentissage, explique les réformes prévues pour l’année 2025-2026, qui démarre lundi 8 septembre 2025.
La rentrée est prévue pour le 8 septembre prochain. Quelles sont les innovations majeures pour cette année de formation 2025-2026 ?
Pour cette rentrée de formation 2025-2026, nous avons un certain nombre d'innovations dans notre dispositif, notamment l'ouverture de onze (11) nouveaux établissements qui vont introduire de nouvelles filières dans notre ordre d'enseignement, notamment l'Agriculture, l'Élevage et la Mécanique agricole, d'autant plus que la Côte d'Ivoire est un pays agricole. Ces filières n'étaient, jusqu'à présent, pas dispensées dans notre système, et pourtant, ce sont des secteurs en forte demande dans notre dispositif économique.
Une autre innovation de taille est l'introduction de l'Approche par compétence (Apc), qui est une approche pédagogique dans laquelle les compétences auxquelles nous formons les apprenants sont définies par le secteur productif. C'est donc une collaboration entre l'école et le milieu productif afin de faciliter l'intégration professionnelle des apprenants.
Il y a par ailleurs l'Apprentissage par alternance qui consiste, pour les apprenants, à faire une partie des modules de formation à l'école et une autre partie en entreprise. Cette formation se différencie du stage dans lequel toute la formation se fait à l'école et les apprenants vont en entreprise pour mettre en œuvre et expérimenter ce qu'ils ont appris. Cette approche a pour but d'accroître l'employabilité de nos apprenants.
Vous annonciez tantôt l'ouverture de nouveaux établissements et de nouvelles filières. À ce jour, quelle est la capacité d'accueil de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle ?
La capacité d'accueil aujourd'hui au niveau de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, public et privé inclus, tourne autour de 160 000 places. L'année dernière, nous avons accueilli dans notre dispositif 148 000 apprenants, dont environ 45 000 pour le public. Avec l'ouverture de nouveaux établissements, nous comptons remonter l'effectif du public autour de 50 000 apprenants. La demande est de plus en plus forte. Cette année par exemple, ce sont 38 000 candidatures que nous avons enregistrées pour le concours organisé pour intégrer notre espace. Nous ne pouvions satisfaire que 18 000. Nous avons donc un gap à combler.
L'Enseignement technique et professionnel a réalisé de très bons résultats, avec notamment 86% au Baccalauréat. Comment expliquez-vous ce succès ?
Ce succès s'explique par deux facteurs. Il s'agit, primo, de la nouvelle dynamique qu'a impulsée le ministre N'Guessan Koffi. Depuis son arrivée à la tête de ce département, il a donné ses orientations et remotivé le personnel à travers des formations, des stages, des voyages d'études. Secundo, les conditions de travail ont changé dans les établissements. Les effectifs ont en effet été recalibrés et la formation a été plus resserrée autour des apprenants. Ce qui a amélioré nos résultats, avoisinant les 90% dans les établissements publics. Nous avons cependant des taux relativement bas dans le privé. Nous devons donc travailler à corriger les performances des établissements privés pour les rapprocher de ceux des établissements publics.
Quelles sont les conditions pour intégrer l'Enseignement technique ?
Il y a deux voies pour intégrer l'Enseignement technique. La première voie est l'orientation. Elle est offerte aux élèves de Troisième (3ème) qui manifestent la volonté d'évoluer dans l'Enseignement technique. Ils s'inscrivent sur notre plateforme. Une commission siège ensuite pour retenir les meilleures candidatures.
La seconde voie est celle du concours, qui est ouvert à tous ceux qui ont un niveau au moins égal à celui de la 3ème, en cours de scolarité ou déscolarisés. Ils peuvent faire acte de candidature en présentant un bulletin de la classe de 3ème au moins. Si, à l'issue du concours, ils sont retenus, ils intégreront l'Enseignement technique et la Formation professionnelle.
(…) J'encourage tous les parents et les apprenants à poser un nouveau regard sur l'Enseignement technique, la formation professionnelle et l'apprentissage qui, malheureusement, a été pendant longtemps considéré comme la voie de ceux qui n'ont pas réussi. C'est une méprise, car dans un pays comme le nôtre, où la main-d'œuvre est une question cruciale, l'Enseignement technique, la Formation professionnelle et l'Apprentissage est la voie de ceux qui veulent réussir à s'insérer dans la société, et obtenir un travail. Ce n'est donc pas la filière des mauvais élèves, mais plutôt un dispositif pour ceux qui ont du talent. Le ministre ne s'est pas trompé lorsqu'il a baptisé l'un de ses programmes ''l'Académie des talents'', qui consiste à faire venir dans nos dispositifs de bons élèves et à leur donner des formations qui leur permettent d'être des techniciens compétents et utiles à l'essor économique de la Côte d'Ivoire.
Interview réalisée par le CICG